16 225 vues

Un spectacle qui tombe à pic. Il y a quelques mois on a échappé au pire. Et dans la salle on sentait cette ambiance tendue.
» Grand-peur et misère du troisième Reich » de Berthold Brecht a raisonné dans cette salle mythique du théâtre entre Rhône et Saône. La première scène rappelle en 1932 le parti nazi mené par Adolf Hitler obtient plus de 37 % des votes.
Il est nommé chancelier de l’Allemagne, puis tout va très vite. La liberté de la presse est atteinte, des partis politiques sont interdits, et très vite un système totalitaire s’installe en Allemagne. Dans ce pays si cultivé.
Bertolt Brecht qui a fui l’Allemagne en 1933 avec son épouse Hélène Weigel, avait connu tous ces différents paliers qui mènent au fascisme. Il s’agit d’une expérience vécue.
La même année il avait été victime d’une perquisition à son domicile en février.
3 mois plus tard son œuvre était interdite et ses livres brûlés dans des autodafés du 10 mai 1933.
Entre 1935 et 1938 depuis son exil Brecht écrit » Grand peur et misère du troisième Reich « . Son texte est en prise directe avec la réalité et ce qu’il a vécu.
Il montre comment dans ce régime nazi la terreur s’infiltre dans la vie la plus intime et abîme tous les rapports professionnels, amicaux, amoureux, et même familiaux.
La mise en scène de ce spectacle signée Julie Duclos est parfaite. Les lumières obliques sont glaçantes.
Avec les comédiens Rosa Victoire Boutterin, Daniel Delabesse, Pierre Duclos, Pauline Huruguen, Yohan Lopez, Stéphanie Marc, Mexianu Medenou, Barthélémy Meridjen, Etienne Toqué et Myrthe Vermeulen, on est transporté dans ce fascisme naissant et le public ne s’ y trompe pas, il est debout pour acclamer le spectacle dans une salle comble !
Daniel Dubois