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Le Zurbaran que possède le Musée des Beaux-Arts a été acquis en 1807 auprès du peintre et graveur Jean-Jacques de Boissieu. Le musée n’est ouvert que depuis 4 ans et déjà il procède à des acquisitions heureuses. Dès cette époque le tableau connaît une fortune retentissante et est considérée comme l’une des œuvres majeures de la collection de peinture du musée que fréquente tous les artistes formés à l’école du dessin également située dans le même palais Saint-Pierre.
Cette magnifique œuvre a inspiré plusieurs générations d’artistes tout au long du 19e siècle plus particulièrement ceux d’origine lyonnaise tel que, Fleury Richard, Hippolyte Flandrin , Jean Carriès ou Alexandre Séon.
De 1838 à 1848 la galerie espagnole du roi Louis-Philippe consacre le triomphe » des moines » de Zurbaran.
Le saint François du musée des Beaux-Arts de Lyon aurait été découvert à la fin du 18e siècle par l’architecte Jean-Antoine Morand ( 1727 – 1794 ) au couvent » des Collinettes » situées sur les pentes de la Croix-Rousse. Selon François Arthaud ( 1767 – 1838 ) premier directeur du musée, les religieuses l’avaient fait disparaître comme objet tout à fait effrayant. Lorsque Morand le retrouve dans les greniers du couvent, son chien se mit à aboyer, tellement l’oeuvre était impressionnante de réalité dans l’ombre.
Manifestement le chien de l’architecte et les sœurs ont été frappées par la présence de cette figure qui semble émerger littéralement des ténèbres. L’œuvre est impressionnante. La palette du peintre est réduite à très peu, tout est défini par les contrastes entre ombre et lumière on est presque chez Rembrandt.
Le peintre est dans la reconstitution de la fameuse rencontre du pape Nicolas V avec le corps intact de Saint-François, debout, les chair du visage blanche et rosé, et avec du sang fraîchement coagulé sur les stigmates, bien qu’il soit mort deux siècles plus tôt. Il s’agit d’une apparition, avec tout ce qu’elle a d’impressionnante et peut-être de terrifiante.
L’œuvre a obtenu un tel succès que ZURBARAN et son atelier l’ont répété comme en témoignent les Saint François de Lyon, de Barcelone, et de Boston, réunis pour la première fois dans l’histoire.
Les restaurations des tableaux de Lyon et Barcelone ont révélé des éléments inédits qui permettent de mieux comprendre la genèse et le sens de ces trois œuvres. Ainsi sont réapparus à la lumière de la restauration, la signature de l’artiste qui était totalement effacée, et la date de création du tableau, 1636.
Cette exposition est une très grande exposition il faut s’ y précipiter, il s’agit d’un grand moment du Musée.
Daniel Dubois