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À l’époque où on reconstruit la cathédrale Notre-Dame, tous les regards sont à nouveau tournés vers les compagnons. C’est le grand cycle de la vie, passer de l’ombre à la lumière.
Tout d’abord ces locaux extraordinaires situés dans le 8e arrondissement. Les anciennes usines Rochet Schneider, là aussi un retour vers un passé prestigieux. Quelle formidable idée d’avoir su garder cette entrée royale pour ce constructeur automobile du début du siècle dernier.
Pour Robert Fillon ce sont des souvenirs merveilleux et rudes de son tour de France. En effet comme il le raconte, les conditions pour les jeunes compagnons étaient quelquefois rudes dans leur tour de France. Ces itinéraires s’inscrivent dans la longue histoire du compagnonnage.L’ émergence historique de la plupart des compagnonnages intervient à la fin du Moyen-Âge et au début de l’époque moderne. Cette période est caractérisée par de profondes transformations économiques sociales religieuses et politiques. Il est possible que les communautés de métiers ou corporations aient délaissé leurs obligations charitables envers les ouvriers de passage ce qui les auraient conduit à s’organiser en associations distinctes des communautés.
Selon une autre hypothèse les compagnons ce seraient constitué pour permettre aux ouvriers qui ne pouvaient pas accéder à la maîtrise, en raison des droits très élevés imposés par les maîtres, d’aller chercher meilleure fortune ailleurs.
S’entraidant pour défendre leur salaire, les compagnons auraient fondé des associations analogues aux syndicats.
Une autre hypothèse établit un parallèle entre les compagnonnages et les sociétés de jeunesse de l’Ancien régime : ce serait pour passer de l’adolescence à l’âge adulte que ces groupements de jeunes ouvriers auraient imaginé le voyage et surtout les rites de passage.
On a également reconnu des similitudes entre les confréries religieuses et les anciens compagnonnages. Ils pourraient avoir été à l’origine d’une forme de confrérie destiné à promouvoir l’exercice d’un métier en application des préceptes chrétiens et à pratiquer la charité envers les jeunes compagnons lors de leurs déplacements.
Aucune de ces hypothèses ne contredisent les autres et selon les époques et les métiers des différents compagnonnages ont pu se constituer pour l’une ou l’autre de ces raisons.
Pour Robert Fillon, l’histoire de la transmission continue et c’est avec une grande émotion qu’il nous a fait visiter la salle des maquettes extraordinaires des compagnons. Le directeur de l’établissement qui nous a accueilli Fabien Martin compagnon menuisier du devoir de liberté n’est pas peu fier d’être au milieu de ces chefs d’ oeuvres du compagnonnage.
Aujourd’hui l’histoire continue et l’établissement accueille de très nombreux élèves qui sont à nouveau attirés par ces métiers du bien et du beau.
Demain il y aura encore des compagnons formés et qui feront, eux aussi, leur tour de France.
Daniel Dubois